Je suis infirmière. Nous ne sommes pas autorisés à avoir nos portables avec nous. Nous devons les laisser dans nos casiers. Un appel arrive à la réception de l’hôpital depuis une ligne privée, pour moi.
Téléphone : « Je suis Bruno Sanschagrin de l’école Le Bon Vent. Il y a eu un incident impliquant Jessica, votre fille. Nous aurions besoin que vous veniez. »
Moi : « Est-elle malade ? Blessée ? Est-ce que ça peut attendre la fin de mon service, dans deux heures ? »
(Je me rends à l’école et on me fait rapidement entrer dans le bureau du directeur. J’y vois ma fille, son professeur principal, un autre professeur, le directeur, un garçon avec le nez qui saigne et un visage rouge, et les parents de ce dernier.)
Le directeur : « Madame Cassegrain, comme c’est aimable à vous de nous vous joindre ENFIN à nous ! »
Moi : « Oui, nous sommes en général assez occupés aux Urgences. J’ai passé la dernière heure à faire plus de 40 points de suture à un garçon de sept ans battu par sa mère avec une louche en métal, et il a ensuite fallu que je fasse une déposition à la police à ce sujet. Désolée pour le dérangement. »
(Après l’avoir regardé s’efforcer d’agir comme s’il n’était pas embarrassé, il m’explique ce qui est arrivé. Le garçon avait tiré sur le soutien-gorge de ma fille, et celle-ci l’avait frappé deux fois au visage. J’eus l’impression qu’ils faisaient davantage de reproches à ma fille qu’au garçon.)
Moi : « Oh. Et vous voulez savoir si je vais porter plainte contre lui pour avoir agressé sexuellement ma fille et contre l’école pour l’avoir laissé faire ? »
(Ils sont tous devenus nerveux quand j’ai mentionné l’agression sexuelle et se sont mis à parler en même temps.)
Professeur : « Je ne crois pas que c’était aussi sérieux que ça. »
Directeur : « J’ai l’impression que vous n’avez pas compris le problème. »
(Et là, la mère du garçon commence à pleurer. Je me tourne vers ma fille pour découvrir ce qui s’est passé.)
Ma fille : « Il n’arrêtait pas de tirer sur mon soutien-gorge. Je lui ai demandé d’arrêter, mais il a continué. Alors je l’ai dit à M. Sanschagrin. Il m’a juste répondu de “l’ignorer”. Le garçon a recommencé et a défait mon soutien-gorge, alors je l’ai frappé. Et là il a arrêté. »
(Je me tourne vers le professeur.)
Moi : « Et vous l’avez laissé faire ? Pourquoi ne l’avez-vous pas arrêté ? Venez donc par ici et laissez-moi toucher votre entrejambe. »
Professeur : « Pardon !? Non ! »
Moi : « Ça vous paraît déplacé ? Pourquoi n’allez-vous pas tirer sur le soutien-gorge de madame la directrice ? Voyons donc si ça l’amuse. Ou sur le soutien-gorge de la maman de ce garçon. Ou le mien. Vous estimez que parce que ce sont des enfants, c’est drôle ? »
Directeur : « Mme Cassegrain. Avec tout le respect que je vous dois, Jessica a tout de même frappé un autre enfant. »
Moi : « Non. Elle s’est défendue contre le harcèlement sexuel d’un autre élève. Regardez-les : lui fait presque 1,80 m et doit peser dans les 70 ou 80 kilos. Elle fait 1,50 m pour 40 kilos. Il fait une bonne tête de plus qu’elle et presque le double de son poids Combien de fois aurait-elle dû le laisser la toucher ? Si la personne qui est supposée l’aider et la protéger dans la salle de classe ne souhaite pas être dérangée, alors qu’aurait-elle dû faire ? Il a tiré sur son soutien-gorge si fort qu’il s’est défait. »
(La mère du garçon pleure toujours et son père a l’air à la fois furieux et embarrassé.) Le professeur évite de me regarder dans les yeux. Je regarde le directeur.)
Moi : « Je la ramène à la maison. Je pense que ce garçon a compris sa leçon. J’espère que rien de ce genre ne se reproduira, pas uniquement pour [ma fille] mais aussi pour les autres filles de cette école. Vous ne laisseriez pas une telle chose se produire avec un membre de votre personnel. Alors comment avez-vous pu laisser ça arriver
à une ado de 15 ans ? Ça me dépasse. J’ai bien intention d’en référer au conseil d’administration. Et si toi – » *En me tournant vers le garçon* «–tu touches UNE SEULE FOIS à ma fille, je te FERAI arrêter pour agression sexuelle. Est-ce que tu m’entends ? »
(Il se met alors à pleurer avec sa mère)
J’étais tellement en colère que j’ai rassemblé les affaires de ma fille et que je suis partie. J’ai rapporté cette affaire au conseil d’administration de l’école, dont je connaissais plusieurs membres, et on m’a vivement assuré que la question allait être traitée comme il se devait. Ma fille a été placée dans une autre classe pour cette matière, loin du professeur et du garçon en question.
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